Chapitre 15 : Se retrouver

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La femme se traîna, lentement, vers l'hôpital de Long Island.
Ses longs cheveux bruns étaient emmêlés, ses yeux étaient fatigués, son corps frêle tremblait de toutes parts, ses bras étaient contusionnés, elle n'arrivait pas à placer un pas devant l'autre sans vaciller. Plus elle marchait, et plus la douleur augmentait. Elle fit plusieurs mètres, encouragée par les lumières qu'elle apercevait assez près, ainsi que le " H " caractéristique des hôpitaux, blanc sur bleu.
Elle finit par s'affaler complètement sur le béton dur et froid, à bout de force. Le souffle lui manquait. Des gouttes de sang indiquaient son chemin, comme si elle avait voulu semer sa route, en jouant au Petit Poucet. Jeu dangereux.
On aurait dû la secourir, ou même la voir de loin ; pourtant, c'était la nuit, il était très tard, et la femme était seule dans la rue. Personne n'était là.

Elle ferma les yeux, et dans un ultime effort, hurla.
Entendit des cris, des pas, se rapprochant d'elle.
Après - une seconde, une minute, une journée, un mois ? Elle n'aurait su le dire - quelque chose de métallique s'enfonça dans sa peau.
Lentement, ses membres s'engourdirent ; elle essaya de rouvrir les yeux, mais tout était flou. Elle perdit conscience.
" Enfin " fut la seule chose à laquelle elle pensa quand elle se sentit glisser dans un trou profond, d'où elle savait qu'elle n'en sortirait pas.

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- John ? Tu crois qu'elle va se réveiller ?
- Son rythme cardiaque est stable, sa pression artérielle aussi. Elle devrait s'en sortir. Heureusement qu'elle a crié. Personne ne l'aurait repérée autrement.
- Mais elle n'avait que sa carte d'identité sur elle.
- Alors, son nom ?
- Volturi. Pas commun …
- Tu n'as pas trouvé de proche à prévenir ?
- Non. Pas de portable, ni de répertoire.
- Fouille dans les dossiers de l'hôpital. Fait des recherches sur Internet.
- … D'accord. Mais quand même, de si grosses blessures ! Je me demande ce qui s'est passé. Ils y en a de récentes, mais aussi de très vieilles.
- Je ne sais pas.

La femme entendait tout cet échange de loin. Elle voulait leur dire ce qui c'était passé. Leur expliquer pourquoi elle était là. Mais plus elle ouvrait la bouche, moins les sons en sortait.
C'était peine perdue.

La douleur était atténuée. Elle avait chaud, elle était confortablement installée dans quelque chose de mou, elle n'avait ni faim ni soif.
C'était comme être dans un cocon protecteur, où on est bercé des plus douces illusions.

Elle n'avait pas encore assez repris conscience pour pouvoir dire où elle était, même si une voix dans sa tête lui soufflait que les hommes qui parlaient un instant plus tôt étaient médecins.
" Sauvée " pensa t-elle.

Une fraction de secondes plus tard, elle se sentit à nouveau partir, loin, très loin dans les tréfonds du néant.


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- Madame Volturi ?

Ah ? On s'adressait à elle ?
Elle voulut répondre, mais le son s'étranglait avant même d'être sortit de sa gorge. Elle gémit.

- Madame, tapez une fois des mains sur le lit pour " oui ", deux fois pour " non ". D'accord ?

Elle tapa légèrement une fois.

- Bien. Très bien, même. Alors …

Bruissement de feuilles.

- J'ai de bonnes nouvelles et de mauvaises nouvelles à vous annoncer. Prête ?

Elle tapa une fois.

- Les bonnes d'abord. Premièrement : vous allez vous rétablir, c'est une certitude. D'ici une semaine, si tout se passe bien. Deuxièmement, nous avons retrouvé deux personnes à contacter, pour qu'elle aient de vos nouvelles et viennent vous voir, si vous le souhaitez.

Elle pensa " Tout le monde mais pas lui. Pitié, pas lui … Pas eux … "

- Nous avons fait des recherches sur vous. Et nous avons remarqué que vous étiez mariés, avant Monsieur Volturi. A un certain … Charlie Swan.

Elle voulut réagir, hurler. Mais elle était en même temps clouée au lit.

- Il est décédé, comme vous le savez certainement. Il y a 23 années de ça.

La femme suffoqua, l'électrocardiogramme s'emballa.

- Vous ne le saviez pas ? hurla presque le médecin.

Tape deux fois. Elle tapait avec frénésie, et frôlait l'hystérie.

- Oh ! Navré de vous l'avoir appris d'une façon si … rude. Vraiment, pardon !

Il fit une pause, puis repris :

- Mais comme je vous le disais toute à l'heure, nous avons retrouvé deux personnes, une femme et un homme, que nous avons appelés, et qui sont en route pour l'hôpital, je pense qu'ils …

La porte s'ouvrit avec fracas, la femme sursauta.

- Renée ? Renée Swan ? demanda, affolée, une voix de jeune femme.

Renée tapa une fois.

- Ma … Maman ? demanda timidement une voix d'homme.

D'un bond, muée d'une force inconnue, la femme se releva de son lit d'hôpital, et ouvrit les yeux. D'abord, les lumières l'aveuglèrent, mais elle distingua rapidement les deux jeunes visages devant elle.

La jeune fille avait les mêmes cheveux, la même taille et la même corpulence que Renée, les même yeux, la même bouche et le même nez que Charlie. Elle était tellement belle …

L'homme était, au contraire, grand et robuste, comme le père. Il avait également ses cheveux, mais les yeux chocolats de la jeune fille et de Renée.

Alors, la mère des deux enfants fondit en larme.

- Bella … Emmett … Oh mon Dieu !
- Maman !
- Je ne croyais plus jamais vous revoir !

Bella se jeta dans les bras de sa mère, Emmett en fit autant.

- Maman, maman … Pourquoi ? demanda celui-ci, en larme.
- Je voulais vous protéger de lui … gémit Renée, secouée d'un violent spasme.

Plein d'images lui bondirent à la figure. Elle hurla, sa tête se renversa, elle retomba brutalement sur le lit.

- Renée ? Renée ?! hurla le médecin.

Tous le monde entendit le son le plus atroce en ce moment même.

- Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip …

- Le coeur s'est arrêté … souffla l'infirmière.
- Deffibrilateur ! s'étrangla John. Vite !